Des chercheurs japonais mutent une bactérie en carte-mémoire


TOKYO (AFP) - vendredi 23 février 2007 - Une équipe de chimistes japonais de l'Institut des sciences du vivant de l'Université de Keio (IAB) affirme avoir développé un procédé qui permet de conserver d'importants volumes de données numériques durant des siècles sur les gènes d'un organisme vivant, telle qu'une bactérie.

Cette forme de mémorisation d'informations numériques pourrait permettre à un laboratoire de stocker des données de propriété intellectuelle sur des organismes vivants génétiquement modifiés, selon les chercheurs.

"Les bactéries, et autres mini-organismes qui se reproduisent sur la base d'un code génétique défini, constituent des éléments potentiels de stockage de données qui suscitent un grand intérêt dans la communauté scientifique", a expliqué l'équipe japonaise dans les conclusions de ses travaux récemment publiés aux Etats-Unis.

"Par rapport aux disques durs et aux cartes-mémoires, ils sont extrêmement petits mais peuvent stocker sur leurs gènes des données en grande quantité sur une très longue période", selon les chimistes japonais.

Les recherches de l'équipe de Keio, qui ne sont pas les premières du genre, apportent un début de solution au problème de la pérennité des données.

"Nous avons développé une technologie qui permet de stocker des informations en plusieurs endroits sur les gènes d'une bactérie, ce qui permet notamment de diminuer les risques de destruction des informations à la suite des mutations génétiques survenant au fil du temps", ont-ils précisé.

Pour ses tests, l'équipe a "gravé" sous forme cryptée sur une bactérie non pathogène ("Bacillus subtilis") un bref message écrit en utilisant un procédé qui permet grosso modo de transcrire des données alphanumériques en éléments chimiques. Ces composés chimiques sont inscrits ensuite sur une séquence de gènes de la bactérie.

Pour retrouver les données, il suffit selon les chercheurs de comparer le génome normal de la bactérie et celui modifié, les différences révélant le message crypté.

Sur la base de simulations informatiques, l'équipe japonaise assure que la "Bacillus subtilis" est une espèce satisfaisante pour la conservation à long terme de données volumineuses.

Commentaires